J’ai déjà une certaine expérience dans la conception graphique que ce soit pour le web ou pour l’imprimerie mais malgré cela, je ne peux pas connaitre toutes les polices de caractère du marché. Comme la majorité des graphistes, je connais les grandes familles et les standards. Mais au-delà , il existe tellement de variantes qu’il est possible de trouver des polices approchantes mais retrouver la police identique m’est parfois apparu comme une tâche impossible.
En discutant de choses et d’autres avec mon frère Romain, nous évoquions la grande qualité de la bibliothèque de polices libres Dafont. C’est pour moi un outil indispensable qui me permet d’apporter une touche de personnalisation supplémentaire aux documents que je réalise pour mes clients. Je recherche longtemps la police apportant les meilleurs gages de lisibilité (c’est une priorité quasi absolue pour moi) ainsi que l’adéquation graphique la plus grande avec le propos. Si je recherche à apporter modernité et dynamisme, je vais souvent voir du côté des helvétiques, par contre, si je recherche à asseoir le propos et lui donner la notoriété d’un classicisme emprunté à » l’Histoire « , je recherche des modèles de police héritées du plomb comme la Garamond. Le choix d’une police de caractère est pour moi un réel choix graphique, souvent le premier avant de commencer la conception d’un document. Les glyphes sont pour moi autant de pictogrammes qui illustrent le propos, les premières images lisibles de celui-ci. Bref, je me préoccupe en premier lieu de » sens » graphique.
Conjointement à ces grandes considérations, mon frère m’a parlé d’un outil très utile qui permet de retrouver le nom d’une police en soumettant un extrait de celle-ci à un site web. C’est de cette manière que j’ai découvert l’existence de What The Font.
Le principe est assez simple : il suffit d’extraire un ensemble de lettres de la police recherchée et de soumettre votre image (au format TIFF ou JPG) au site web What The Font. Vous pouvez indiquer l’URL d’une image déjà présente sur le net. Il est préconisé par le site de soumettre à la reconnaissance automatique des images de polices noir sur fond blanc. C’est évidement beaucoup plus simple à décrypter pour le logiciel de reconnaissance.
Etape1, indique l’URL ou le chemin d’accès du fichier à uploader.
Etape 2, confirmer les lettre reconnues et corriger, le cas échéant, celles qui sont erronées. Vous pouvez aussi rassembler les accents et les voyelles séparées ou encore les points qui vont sur les i en glissant la vignette de du point ou de l’accent sur la lettre associée.
Curieux de nature, j’ai effectué quelques tests afin de confirmer que le système fonctionne réellement. Je sais depuis longtemps que l’OCR est efficace, mais les dispositifs de reconnaissance graphique mettent un peu de temps à devenir performant. Sans prendre trop de risque, j’ai choisi des polices éditées par des fondeurs reconnus. J’imagine que les copies libres présentes sur le site Dafont rencontreraient moins de succès. Mais je dois dires qu’il s’agit d’un sans-faute, les cinq polices ont été reconnues sans difficultés.
1. Police Myriad Pro
La police a été reconnue sans difficultés, bien que la police la plus similaire semble être Phoenica Std Regular. Le système n’est donc pas parfait mais la police recherchée apparait dans les 5 premières: plutôt satisfaisant.
2. Police Garamond
Cette fois-ci, c’est un sans faute. J’aurais été réellement étonné que cette police ancienne échoue à ce test, tellement utilisée, elle reste une référence en matière de lisibilité.
3. Police Mister earl BT
Mister earl et Mister Earl BT sont des polices extrêmement similaires. Il est donc normal que l’une des deux apparaisse en premier dans la liste de résultats. La reconnaissance est encore bonne dans le cas de cette police quelque peu fantaisie.
4. Police Bank Gothic Light BT
Encore un sans faute sur cette police originale qui comporte une clone très ressemblant dans la liste de résultats.
5. Police Blackadder ITC
Après Bistream et Monotype, voici une police issue de International Typeface Corporation. La police ne comporte pas de clone dans la liste de résultat et la reconnaissance est parfaite. What The Font est donc aussi doué avec les polices qui sortent des normes et présentent un rendu plus » graphique « .
Conclusion
Il semble que la reconnaissance soit basée sur une analyse graphique de la forme de la police, divergeant des reconnaissances OCR traditionnelles qui se basent sur les vecteurs pour reconnaître les caractères. l’utilisation de cette méthode est pertinente car elle permet la reconnaissance de tous types de police, même les plus déformées. En revanche, elle ne garantit pas une parfaite détection des caractères comme le démontre le descriptif du fonctionnement présent au début de cet article. En effet, dans un grand nombre de cas, il est nécessaire d’indiquer au site quel est le caractère à reconnaître. Dans le cadre d’une méthode OCR traditionnelle, un si grand nombre d’échecs à la reconnaissance de caractère rendrait l’utilisation de toute reconnaissance automatisée absolument impraticable. C’est pour cette raison que les polices facilement reconnues restent les familles Helvétiques et Times, aussi faciles à lire pour l’être humain qu’à reconnaitre pour la machine !
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