Je travaille seul et j’en suis fier

par | 21 Fév 2020 | 0 commentaires

Je voudrais vous livrer aujourd’hui un petit billet d’humeur, en réaction à différentes choses que j’ai pu lire ou discuter ces derniers temps autour de la thématique de l’Homme comme animal social. Je suis en effet étonné de l’absolutisme de certains à défendre la thèse selon laquelle, sous prétexte que l’homme est fait pour vivre en société, il lui soit enlevé tout droit ou toute possibilité d’apprécier solitude et retrait dans sa propre vie.

 

La dictature du travail collaboratif et collectif

Il semblerait alors qu’une personne introvertie ou formulant peu de goût pour les relations sociales soit vue par ses congénères comme un « problème » ou comme une personne qui devrait régler ses difficultés intimes pour, enfin, pouvoir s’ouvrir aux autres. J’ai même l’impression que c’est le spectre de la pensée unique qui plane au dessus de ces idées. De cette incapacité de certains de mes interlocuteurs à même imaginer qu’une autre voie soit possible, différente de la leur. L’Homme doit vivre en collectivité, un point c’est tout.

Je constate pourtant, à travers l’Histoire de l’humanité, qu’un grand nombre de figures, notamment parmi les plus influentes, n’ont pas formulé un goût très fort pour les relations sociales. Est-ce que cela les a empêché d’impacter le monde ou de bien le connaître, absolument pas. L’inaptitude à participer intensivement au groupe est pourtant vue, par exemple (au hasard) en entreprise, comme un problème, une difficulté et même un risque pour l’entreprise. Celle-ci risquerait d’être empêchée de progresser et de se développer aussi vite qu’elle ne le pourrait.

Comme si la réussite passait systématiquement par le groupe et l’échec par la solitude. Vous trouvez cette vision simpliste, c’est certainement que nous avons progressé depuis le début de cette réflexion !

Un développeur ou un graphiste qui travaille en entreprise a justement besoin d’exercer son activité dans un environnement relativement isolé de ses collègues pour atteindre un bon niveau de performance. On en installe pourtant un grand nombre dans des open-spaces pour favoriser la collaboration alors qu’ils ont beaucoup plus besoin de calme et de concentration. De la même manière, le travail en équipe nécessiterait des réponses immédiates aux demandes de ses collègues alors qu’il s’agit bel et bien d’interruption franches dans le travail et qu’elles ne peuvent pas être vues autrement que comme des perturbations intempestives car elles ne sont pas voulues par le travailleur lui-même qui ne fait alors guère plus que de les tolérer. Détruisant instantanément l’effet du flot et la productivité. C’est donc particulièrement curieux de détruire la productivité au nom de la productivité.

Je peux moi-même témoigner ici avoir été perpétuellement « dérangé » par mes collègues pendant de longues années en entreprise au nom de la collaboration ou des demandes « urgentes » des clients. Je reviendrai dans un autre article sur la notions d’urgence car elle m’a toujours fait hurler de rire tant la nature des demandes étaient toutes plus saugrenues les unes que les autres. On favoriser aujourd’hui la notion d’urgence pour justifier une incapacité profonde à s’organiser convenablement et à prioriser les tâches de manière rationnelle.

C’est le caractère émotionnel des êtres qui a pris le pas sur le rationnel dans un naufrage total de l’organisation en entreprise. On sait pourtant depuis toujours que l’émotionnel ne produit jamais d’organisation dans le travail…

 

Se recentrer sur les fondements de son activité en travaillant seul

Seul, je peux donc me concentrer et entrer dans un réel état de flow dont je constate chaque jour les bienfaits, tant sur ma productivité que sur mon niveau de bonheur car le flow réduit aussi la frustration. Je peux rationaliser mes échanges avec l’extérieur, sans les faire disparaître, mais justement leur apporter plus d’intensité et de qualité car je suis réellement disponible au moment où ils doivent avoir lieu.

Solitude ne veut donc pas nécessairement signifier isolement mais plutôt amélioration de l’organisation des échanges pour les rendre plus pertinents.

Je planifie donc mes appels à l’avance autant que mes rencontres et mon téléphone ne sonne plus à tout bout de champ de manière toujours inopportune. Il est clair que la dictature de l’inorganisation qui règne dans certaines des entreprises dans lesquelles j’ai pu travailler empêche de mettre ces méthodes en oeuvre. En revanche, le fait d’être indépendant, freelance, l’implique immédiatement sous peine de ne pas voir sa productivité se maintenir à un bon niveau sur la durée car on serait régulièrement envahi par les autres, comme en entreprise.

Mais la chance des indépendants est de pouvoir fixer leurs propres règles et de n’avoir à se soumettre aux dictats de leurs clients que dans une mesure limitée. Et je peux vous garantir qu’un client à qui l’on explique que l’on ne répond pas immédiatement au téléphone pour pouvoir mieux se concentrer et respecter les délais sur lesquels ont s’est directement engagé auprès de lui comprend très vite où se trouve son intérêt !

Comme disait Jean-Paul Sartre, « l’enfer, c’est les autres« , c’est amusement que cette remarque provienne d’un penseur dont l’activité principale d’écriture et de réflexion nécessitait une bonne dose d’isolement. Mais les autres peuvent aussi être une grande richesse tant dans les relations, les échanges d’idées, de techniques, d’expériences car ils sont assurément riches en inspiration et en enseignement. C’est donc en évitant que ces autres ne piétinent notre espace intime, du même pas que notre espace de travail, que l’on peut construire avec eux des relation profitables et constructives.

Je travaille à cela chaque jour depuis un bon moment, et vous, vous rencontrez des difficultés à gérer vos disponibilités et le calme de votre espace de travail ?

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